Sa douceur a suscité la création de l’adjectif « soyeux » pour qualifier un rendu lisse et lumineux de grande qualité. La soie est une fibre naturelle d’exception tant par sa beauté que par ses propriétés, une fois qu’elle a été transformée en vêtements ou accessoires. Voyage au pays du plus luxueux textile qui soit. Et nos conseils pour bien entretenir ses habits de soie.
La soie, un fil d’origine animale
La soie est une fibre textile d’origine animale, produite généralement par la chenille d’un papillon, le bombyx du murier. Le fil de soie résulte de la substance secrétée par la larve du ver afin de tisser son cocon. Alors que de nombreuses espaces de vers à soie existent, le bombyx a toujours été préféré car il tisse un fil fin, régulier et immaculé. Une fois ce fameux fil récupéré, il fait l’objet d’une succession d’étapes complexes à commencer par l’extraction du fil qui compose le cocon de la chenille, la filature et l’opération de moulinage afin d’accroitre la résistance de la fibre. Les textiles proposées sont principalement constituées de soie naturelle mais aussi de soie sauvage, cette dernière se faisant encore plus rare puisqu’elle n’est pas le fruit d’une culture de vers mais de vers à soie qui ne sont pas en captivité et vivent dans la nature comme le ver de l’araignée Tussah avec in fine, une soie au rendu plus irrégulier.
Une fibre naturelle, résistante et isolante
La soie reste la fibre naturelle la plus luxueuse qui exige une fabrication de haute facture. Certes couteuse, son rendu fluide et délicat en ferait oublier les propriétés de la soie qui a bien des atouts pour s’en revêtir, été comme hiver. Très résistante, cette fibre absorbe l’humidité. Surtout, elle est dotée de qualités isothermiques qui assure une fraîcheur au porté en été et une isolation des froidures hivernales. Ce n’est ainsi pas un hasard si on la retrouve, mélangée à d’autres matières comme le cachemire ou le coton pour fabriquer gants et chaussettes tandis qu’elle garantit une protection, la nuit venue sous forme de nuisettes et pyjamas. Bref, la soie assure une texture sensuelle tout en étant fonctionnelle.
Les secrets de fabrication d’une fibre légendaire
Il était une fois une princesse chinoise qui savourait son thé sous un murier et vit tomber dans sa tasse le cocon d’une chenille de papillon. La jeune femme en extirpa un long fil fin et solide... qui devient matière à tisser. Telle est la légende qui raconte la découverte de la soie dans l’Empire du Milieu. Mais les contes ont souvent pour vocation de dissimuler les secrets les plus précieux à commencer par les étapes de fabrication de la soie, soigneusement cachées depuis 2700 ans avant Jésus-Christ. La Chine pendant près de trois millénaires conservera les secrets de la sériciculture telle qu’on nomme la production de la soie, tout en développant son élevage de vers à soie afin de commercialiser les tissus, tirés de cette fibre naturelle vers l’Europe en passant par l’Asie à travers la célèbre route de la Soie. Les premiers secrets de la fabrication de la soie chinoise, à savoir l’élevage de vers bombyx furent découverts au VIe siècle après Jésus Christ après le vol de cocon de vers et de muriers en Chine par des moines. L’Italie dès 1640 puis la France développèrent leur propre sériciculture, les rois de France soutenant les plantations de muriers et l’élevage de vers à soie. Après la création d’une manufacture royale sous le règne de François 1er, Lyon deviendra la capitale mondiale de la soie en étant la seule, avec sa région à fabriquer de façon industrielle le précieux textile dès le XVIIIe siècle. Vers 1850, la France pouvait s’enorgueillir d’une filière florissante réunissant les métiers de la soie, de la sériciculture à la filature, le moulinage et le tissage. Mais les épidémies successives frappant les vers à soie, le coût de fabrication d’un tel textile en Europe exposé à la concurrence asiatique, la Chine retrouvant sa place, puis l’invention du nylon et des fibres artificielles au cours du 20e siècle sont autant de raisons de la quasi disparition de la filière de la soie française.
Le retour aux sources en Asie et l’innovation à la française
L’Asie à commencer par la Chine et l’Inde concentre aujourd’hui la production mondiale de soie. Ce textile par ses étapes de fabrication complexes reste cependant le plus rare en termes de production mondiale, de par son coût. Côté français, le savoir-faire artisanal a été en partie préservé par des maisons anciennes de soyeux comme Brochier Soieries tandis que des grands noms de la mode tels que Chanel et Hermès investissent dans ces savoir-faire ancestraux. Outre des maîtres d’art de la soie française, l’innovation technologique vient en partie simplifier le processus. En témoigne l’usage de la 2D et 3D par la société française Sericyne, créée par Clara Hardy et Constance Madaule. Les deux jeunes femmes talentueuses ont mis en œuvre un mode de production plutôt étonnant. En s’associant avec des éleveurs de sériciculture, elles récupèrent les vers à soie qui tissent directement leur fil sur des moules en 2D ou 3D. Un résumé succint car les deux créatrices protègent précieusement à l’instar des générations précédentes, leur procédé mais à la clé, la soie est fabriquée plus rapidement, le tout en collaboration avec d’autres corps de métiers de la filière de la soie, à commencer par la teinture. Les grands du luxe ne s’y sont pas trompés en développant de nombreux projets avec Sericyne. Une nouvelle filière de la soie à la française peut-être en devenir.`
Ci-dessous photo 2D Sericyne
Un entretien délicat pour un rendu soyeux sur la durée
Comme tout textile délicat, un vêtement ou un accessoire en soie exige de prêter attention à ses conditions d’entretien. Les plus courageux opteront pour un lavage à la main sous réserve de veiller à une température modérée, la soie ne devant jamais être bouillie. Cependant, les nouvelles générations de machine à laver assurent désormais un mode délicat. On pourra par exemple utiliser le programme lavage main pour protéger ses précieuses étoffes. Mieux vaut préférer aussi l’usage d’une lessive spéciale linge délicat de même qu’on évitera l’usage d’adoucissant. Enfin, on optera pour un séchage à l’air libre en évitant d’exposer la soie au soleil si le séchage est en extérieur. Il est enfin préférable de repasser une étoffe en soie lorsqu’elle est encore légèrement humide et placée à l’envers avec un fer à température minimale. On n’oubliera pas non plus de sésactiver le mode vapeur s’il y a lieu. Autant de conseils pour profiter sur le long terme de ses étoffes soyeuses…et précieuses !