Non, les amateurs de viande ne sont pas tous d'affreux machos

Le fil Homap

Non, les amateurs de viande ne sont pas tous d'affreux machos

le 23 septembre 2022
0
Partager sur

La consommation de viande est comme les polémiques modernes, elle n'est néfaste que lorsqu'elle est excessive. Si il est avéré que notre rapport à la viande doit réduire la quantité pour accroître la qualité, les nuances sont essentielles. Et celles-ci apparaissent dans l'étude Ifop pour Darwin Nutrition.

« Barbaque », le film de Fabrice Eboué sorti l’an dernier, pointait déjà du doigt notre façon de consommer de la viande. Une comédie caustique et politiquement incorrecte, anti-vegan à souhait, qui a fait débat. Aujourd’hui, c’est un autre débat qui est sur le devant de la scène depuis que l’élue écologiste, Sandrine Rousseau, a déclaré qu’il fallait « changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité ». Des propos qui ont provoqué de vifs débats sur la toile et même au-delà, puisque la Fédération nationale des chasseurs a entamé une bataille juridique contre la députée EELV. C’est dans ce contexte pour le moins mouvementé que l’Ifop et Darwin Nutrition ont dévoilé leur première enquête sociologique* sur les rapports au genre et à la politique des amateurs de viande.

 

*Etude IFOP pour DARWIN NUTRITION réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 5 au 7 septembre 2022, auprès d’un échantillon de 2 033 hommes, représentatif de la population masculine française âgée de 18 ans et plus.

Non, les amateurs de viande ne sont pas tous d'affreux machos
Le principe d'égalité hommes/femmes peine encore à s'imposer dans certains rôles. Ainsi, la gestion du barbecue figure incontestablement comme une affaire d'hommes, avec 78% qui déclarent s'en occuper plus souvent que leur conjointe et 46% qui estiment s'en occuper mieux qu'elle.

Le barbecue, un symbole de virilité ?

Alors que 78% des hommes en couple s’occupent plus souvent du barbecue que leur conjoint(e), cette activité constitue-t-elle un marqueur de virilité comme l’affirme Sandrine Rousseau ? L’enquête révèle en tous cas que le barbecue reste une affaire d’hommes, avec 41% qui en ont la charge exclusive et 46% des répondants qui estiment s’en occuper mieux que les femmes. Une gestion du barbecue qui prévaut surtout en zone rurale (48%, contre 26% en agglomération parisienne).
Malgré cette « masculinisation » du barbecue, on observe une prise de conscience de la part des hommes, qui approuvent à 62% l’idée de déviriliser la consommation de viande cuite au barbecue (dont 75% d’écologistes), preuve que les mentalités évoluent. Un profil certes très à gauche, moins amateur de viande que les hommes qui votent à droite selon l’étude Ifop, mais qui n’approuve pas pour autant le terme de « soy boy », autrement dit d’amateur de soja ou tofu, eu égard à la « connotation féminine de ces aliments végétaux », selon eux. D’ailleurs, l’enquête révèle que les hommes restent majoritairement des amateurs de viande et 56% d’entre eux s’auto-qualifient même de « viandards » et 18% de « très viandards ». Un profil très à droite de l’échiquier politique, qui voit en l’alimentation carnée un symbole de force et de puissance.

Non, les amateurs de viande ne sont pas tous d'affreux machos
Malgré la « masculinisation » du barbecue, on observe une prise de conscience de la part des hommes, qui approuvent à 62% l’idée de déviriliser la consommation de viande cuite au barbecue, preuve que les mentalités évoluent.

Un régime flexitarien peu suivi par les sympathisants de droite

Si 41% des hommes ne se soucient jamais de la fréquence à laquelle ils mangent de la viande, ils sont toutefois 43% à essayer d'en manger moins souvent et 14% à en manger le moins possible. Un régime flexitarien qui prône la qualité plutôt que la quantité, encore assez peu suivi par les hommes se disant de droite, en dépit des discours sur les dangers d’un régime hyper carné pour l’environnement et la santé. Les végétariens et végétaliens sont encore plus marginaux, avec 1% seulement de la population masculine. « Dans un régime alimentaire masculin encore largement dominé par le "dogme carniste", modérer sa consommation de viande apparaît comme un réflexe très marginal en dehors de la frange la plus écolo-progressiste de la gent masculine » précise François Kraus, Directeur du pôle Genre, sexualités et santé sexuelle de l’Ifop. Un constat logique qui coïncide avec les appréciations des écologistes sur les enjeux environnementaux.

Non, les amateurs de viande ne sont pas tous d'affreux machos
Selon le sondage Ifop / Darwin Nutrition, la consommation de viande est en lien avec le bord politique. Ainsi, les hommes mangeant de la viande sans jamais se soucier de la fréquence à laquelle ils en mangent s’avèrent 3 fois plus nombreux dans les rangs des sympathisants RN (54%) que dans les rangs des sympathisants EELV (19%).

Aussi, si la volaille est le produit le plus consommé, le bœuf est particulièrement apprécié chez les sympathisants de droite, notamment les pièces de premier choix comme la côte de bœuf ou le bœuf maturé. Et le Directeur d’ajouter : « Si le rapport général à la viande peut se traduire par une vision du monde particulière (végétariens / flexitariens), il n'est pas suffisamment discriminant pour influencer sur le degré de conservatisme sociétal des Français. En revanche, la (sur)consommation de viande rouge ou de gibier, surtout lorsqu'elle est associée à certaines caractéristiques socio-culturelles (catégories populaires, ruralité, faible niveau d’éducation…), va de pair avec un rapport très conservateur aux femmes, au monde et à la planète ».

Non, les amateurs de viande ne sont pas tous d'affreux machos
Si la proportion d'hommes "hyper-sexistes" se révèle plus importante au sein des chasseurs (20%), des gros consommateurs de gibier (20%) et de viande de bœuf (15%), tous ne sont pas machos, bien au contraire. 31% des amateurs de viande sont en effet hostiles au sexisme.

Les gros amateurs de viande et de gibier sont-ils plus sexistes ?

L’enquête révèle que 33% des hommes n’adhèrent à aucun des stéréotypes sexistes testés par l’Ifop et 31% des amateurs de viande se déclarent même féministes. Seule 4% de la population est considérée comme « hyper-sexiste », c’est-à-dire qu’elle adhère à tous les stéréotypes. Un taux qui grimpe néanmoins chez les chasseurs (20%), les gros consommateurs de gibier (20%) et de viande de bœuf (15%). Un sexisme plus avéré chez les plus gros consommateurs de viande qui ne constitue en aucun cas une généralité, comme le souligne François Kraus : « Attention, affirmer qu’un amour immodéré pour la "barbaque" serait intrinsèquement lié à un sexisme débridé serait un raccourci trop facile, contredit par cette enquête qui montre notamment un nombre élevé d’hommes à la fois amateurs de viande et hostiles au sexisme. Mais dans certains milieux populaires, ruraux ou identitaires, afficher son goût pour ce symbole de force et de puissance est bien l'expression d'une forme de masculinité hégémonique, répondant sans doute à un besoin d'afficher symboliquement une virilité souvent mise à mal par un relatif échec social ».

A lire également…
Comment choisir entre un barbecue à gaz, électrique ou charbon de bois ?
Végétarien, flexitarien, vegan, crudivore, pescatarien… Sous quel régime alimentaire vivez-vous ?
Partager sur
Vous pourriez être intéressé par
continuer sans accepter
J'accepte
RECEVOIR LA NEWSLETTER
OK