Depuis le 1er janvier 2024, le tri des biodéchets est devenu obligatoire, pour les particuliers comme pour les professionnels. Comment bien faire son tri et que faire de ces déchets ? Quelles solutions sont possibles si on souhaite faire son propre compost à domicile ? Homap vous livre quelques clés.
Qu’est-ce qu’un biodéchet ?
Le tri des biodéchets à la source est devenu une obligation pour les particuliers depuis le 1er janvier 2024. Cette mesure a été prévue par la loi Anti gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC), en plusieurs étapes. Les professionnels produisant une certaine quantité de biodéchets sont concernés par cette obligation depuis le 1er janvier 2023 (plus de 5 tonnes par an) ; c’est maintenant au tour de tous les citoyens français, particuliers et professionnels sans distinction.
Ce terme est défini par le code de l’environnement. Il s’agit des « déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires ».
Il s’agit de tous les déchets organiques, alimentaires (épluchures, restes de repas, aliments périmés, marc de café…) et déchets issus du jardinage, aussi appelés déchets verts (feuilles mortes, branchages, herbe coupée…).
Cette mesure de la loi AGEC vise donc à réduire les déchets ménagers (l’objectif est une réduction de 15% par habitant à horizon 2030), tout en évitant de gaspiller des ressources qui pourraient être valorisées.
Pourquoi trier ses biodéchets ?
Selon l’Ademe, la quantité de déchets générée par les ménages a doublé en 40 ans. Or, les biodéchets représentent plus d’un tiers du contenu de la poubelle grise (ordures ménagères) : soit en moyenne 83 kg par an par habitant. La collecte de ces déchets ainsi que leur traitement ne sont pas anodins : ils ont un coût et un impact environnemental. Les déchets ménagers finissent enterrés ou brûlés, ce qui émet des gaz à effet de serre et pollue les nappes phréatiques. Alors qu’ils pourraient être revalorisés. Ils constituent en effet une ressource intéressante puisqu’ils peuvent être transformés en compost pour nourrir les sols ou en biogaz.
Cette mesure de la loi AGEC vise donc à réduire les déchets ménagers (l’objectif est une réduction de 15% par habitant à horizon 2030), tout en évitant de gaspiller des ressources qui pourraient être valorisées.
De la conscience citoyenne à l’obligation
Le tri des biodéchets devient certes une obligation mais comment faire appliquer la loi ? En effet, vous vous demandez peut-être si vous risquez de recevoir une sanction financière si vous ne faites pas ce tri dans vos poubelles ? Pour l’instant, rien n’est prévu pour obliger les particuliers à adopter ce geste, que les plus convaincus réalisent soit par habitude (dans certaines villes, ce tri est mis en place depuis plusieurs années) soit par conscience citoyenne.
Le gouvernement compte surtout sur les collectivités. En effet, ce sont surtout elles qui sont obligées par la loi : elles doivent mettre à disposition de leurs habitants une solution de tri à la source de leurs biodéchets (des aides leur sont proposées via le fonds vert). C’est également sur elles que le gouvernement va s’appuyer pour sensibiliser les Français à l’importance de ce tri et leur faire connaître les bons gestes. En bref, chaque commune doit localement accompagner ses administrés en leur fournissant des solutions, des équipements et des informations.
Si certaines villes étaient en avance dans le traitement différentié de ces déchets, d’autres sont en retard ; nombreuses sont celles qui ne proposent pas encore de solutions, ou pas à tout le monde. Et le déploiement risque de prendre du temps. D’ailleurs, le gouvernement en est conscient. L’Ademe indique en effet que l’objectif est de « couvrir 27 millions de Français en 2024, soit 40% de la population » ; on est donc loin du compte alors que l’obligation démarre au 1er janvier.
Sachez que vous n’avez pas à faire un choix définitif. Par exemple, vous pouvez tout à fait utiliser à la fois le composteur installé dans votre jardin et déposer des déchets en point d’apport volontaire, selon les saisons ou la quantité de déchets que vous produisez.
Que faire de ses biodéchets ?
Il ne faut pas confondre tri et valorisation. Ça n’est pas le compostage qui devient obligatoire mais le tri de ce type de déchets. Leur compostage n’est pas l’unique solution. Selon votre lieu d’habitation et vos envies, différentes solutions peuvent s’offrir à vous.
- Votre commune a peut-être mis en place une collecte dite séparée. Il peut s’agir d’une collecte porte à porte, avec un contenant spécifique placé à proximité des autres poubelles, ou de points d’apport volontaire (des bacs installés dans la commune). Dans ce cas, le ramassage et le traitement des déchets est assuré par un tiers.
- Des composteurs individuels peuvent être proposés aux Français qui habitent en maison. C’est à chacun d’en faire la demande, sachant que ces équipements sont parfois gratuits ou partiellement financés. Si vous choisissez cette option, vous pouvez jeter directement vos biodéchets dans votre composteur et utiliser le compost pour fertiliser vos plantes et votre jardin.
- Pour les habitats collectifs, il est parfois possible d’opter pour le compostage collectif, avec des composteurs installés dans une cour d’immeuble ou un jardin partagé par exemple. Là encore, le compost peut être utilisé directement sur place. Le composteur partagé peut également être à disposition de tout un quartier.
Sans aller jusqu’à changer de cuisine, il est possible aujourd’hui de s’équiper de petites poubelles ou bacs à compost, également dénommés bioseaux. Certaines marques proposent ainsi des modèles compacts qui s’installent dans une cuisine équipée en se glissant dans des meubles de cuisine coulissants dédiés au tri ménager tel Freezyboy (en photos).
Comment traiter ses propres biodéchets chez soi ?
Le point d’apport volontaire vous semble trop loin ? Conserver les déchets dans un bioseau vous paraît contraignant ? Aucune solution ne vous est encore proposée sur votre lieu d’habitation mais vous voulez sauter le pas sans attendre ? Quelles qu’en soient les raisons, vous avez peut-être envie de traiter vos propres déchets directement à la maison et c’est possible. Dans ce cas, cela passera par le compostage. Mais attention à choisir une solution adaptée à la quantité de biodéchets que vous produisez. Or cela ne dépend pas seulement de la composition de la maisonnée mais aussi des habitudes alimentaires.
- Premier choix, valable si vous possédez un espace extérieur suffisamment grand (cour, jardin, terrasse…) : le traditionnel composteur individuel. Une fois les déchets placés dans ce grand bac, la matière se dégrade progressivement pour produire du compost. Toutefois, pour obtenir un bon compost, il faut régulièrement le mélanger, le décompacter et l’aérer régulièrement (pour aller plus loin, vous pouvez consulter le tuto de l’Ademe « Comment réussir son compost ? »).
- Pour les balcons, il existe également des potagers composteurs. Le composteur est directement intégré dans un jardinet pour alimenter des plantes aromatiques ou des pieds de tomates par exemple. Cela demande les mêmes attentions qu’un composteur de jardin.
- Il est possible de composter directement sur son balcon ou dans sa cuisine. Il existe en effet de petits composteurs, dont certains sont à peine plus gros qu’une poubelle de salle de bains. Les déchets devront être découpés en petits morceaux avant d’y être placés. Il en existe de plusieurs types. D’abord les composteurs dits bokashi. Le compostage s’effectue dans un bac fermé, équipé d’un petit robinet. Celui-ci permet de récupérer le jus de fermentation (appelé « thé de compost ») au bout de quelques jours, qui peut être dilué à de l’eau pour fertiliser les plantes. Après quelques semaines, on obtient un compost qui peut également être utilisé dans le jardin ou dans les plantes. Ces composteurs s’utilisent de préférence avec un activateur (composé de son de blé fermenté) pour accélérer la fermentation. Il faut en saupoudrer après chaque ajout de déchets, après les avoir tassés.
- En intérieur ou sur les balcons, on peut aussi utiliser un lombricomposteur qui peut d’ailleurs aussi être installé dans un jardin, en évitant le grand froid, l’exposition directe au soleil et les températures trop élevées. Dans ce type de composteur, ce sont de petits vers de terre (certaines espèces, pas toutes) qui accélèrent la décomposition des déchets. Rassurez-vous, il n’y a pas de risque qu’ils cherchent à s’échapper. Cet appareil est équipé de plusieurs plateaux, à remplir successivement et d’un robinet. Comme le bokashi, le lombricomposteur permet de récupérer du jus fertilisant (nommé le lombrithé) à diluer avant d’arroser les plantes, ainsi que du compost au bout de quelques mois.
- Pour réaliser son propre compost en intérieur ou sur son balcon, on peut choisir un pot de fleur composteur (un peu dans le même esprit que le potager composteur). Constitué de deux compartiments, un pour accueillir les plantes et l’autre pour récolter les déchets, il fonctionne selon le principe du lombricompostage.
- En intérieur, on peut encore opter pour un composteur de cuisine électrique. Les fabricants mettent en avant de nombreux avantages comme la possibilité de remplir le composteur en permanence, des interventions limitées puisque l’appareil gère tout et un compostage en un temps record (environ 48 h). Certains membres de la rédaction ont eu l’occasion d’en tester. Cela fonctionne mais nous restons sceptiques quant à l’utilisation d’un appareil électrique pendant un temps non négligeable (même s’ils sont étudiés pour consommer peu) pour se débarrasser de ses biodéchets.
- Enfin, ne confondez pas bioseau ou poubelle à compost et composteur d’intérieur. Les deux premiers ne servent pas à composter. Ce sont des récipients qui permettent de conserver les biodéchets pendant une courte période en attendant de s’en débarrasser. Contrairement à une poubelle traditionnelle, ils sont équipés d’un couvercle hermétique et parfois de filtres à charbon pour éviter les odeurs.
On met quoi dans son composteur ?
En théorie, tout cela paraît simple. Loin de nous l’idée de vous décourager mais en pratique, c’est un peu plus complexe. Ne serait-ce que pour trier correctement ses déchets. Certains biodéchets ne font pas débat, comme les épluchures de fruits et légumes ou le marc de café… En revanche, pour d’autres, on trouve des indications contradictoires. Par exemple les os : certaines disent oui, d’autres non ou alors seulement les petits. Idem en ce qui concerne les branches : ce serait oui selon certains mais seulement broyées ou en petits morceaux pour d’autres.
Certains conseillent aussi d’éviter les graisses animales, les restes de viande et poisson, les laitages, l’ail – en particulier pour le compostage en intérieur pour éviter les odeurs - ou encore les coquilles d’huîtres, trop lentes à se décomposer. L’Ademe n’apporte pas de réponse tranchée à ces questions, conseillant de composter certains déchets « sans hésiter » et d’autres « avec modération ». Dans le doute, fiez-vous aux consignes de tri fournies dans le mode d’emploi ou indiquées sur le point de collecte.
Notez que le tri est différent si vous utilisez un lombricomposteur, car il faut respecter le régime alimentaire des vers. Dans ce cas, selon l’Ademe, on composte « uniquement : fruits et légumes abîmés (sauf poireaux, ails et oignons), épluchures, thé avec ou sans sachet, café avec ou sans filtre, ainsi que journaux, papier kraft et carton brun ».